Depuis le 12 janvier dernier, des centaines de milliers de personnes ont été contraintes de s’installer sur les places publiques, dans les parcs et sur le moindre terrain vacant de la capitale. Cette situation engendre et amplifie des problèmes d’insécurités et de violences graves que subissent en premier lieu les personnes les plus vulnérables…

Partout des petites baraques se sont entassées les unes à côté des autres. La plupart de ces camps improvisés ont obligé des inconnus à cohabiter ensemble. Après sept mois de vie commune, un certain rythme s’est instauré. Généralement, vous trouvez une allée centrale qui fait désormais office de rue principale et de rue commerçante. De petites échoppes s’y sont installées et un marché y anime désormais cette partie du camp. Mais derrière cette allée se cache une multitude de problèmes…

A l’entrée du camp Acra de Delmas 30, une petite maison en bois préfabriqué accueille tous les jours des groupes de femmes. Elles effectuent différents ateliers de couture, de cosmétique, de peinture. Ce programme porte le nom de GBV et a été initié par une femme haïtienne, Mme Lamercie. Elle nous explique que la condition de la femme dans les camps est très précaire et que beaucoup d’entre elles subissent des violences de toutes sortes. Entourée d’une petite équipe, Mme Lamercie instaure le dialogue au cours de ces activités. Son objectif est de trouver des solutions, au cas par cas, pour résoudre certains problèmes.

Même dans cet environnement propice, de nombreuses femmes ont encore du mal à s’exprimer librement. C’est pourquoi, Mme Lamercie a mis à disposition une boite au milieu de la pièce. Elle encourage les femmes à témoigner anonymement des violences qu’elles subissent. Chaque vendredi à 11h, elle dépouille cette « boîte à douleur » et lit les messages devant le groupe. L’atmosphère est alors très lourde et les visages serrés. Des petits cris et des gémissements se font entendre au cours de la lecture de ces terribles témoignages. Dans le portfolio sonore suivant, nous vous proposons d’assister à la lecture de quelques-uns d’entre eux :

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Comme bien souvent en Haïti, les ateliers se terminent en musique et en rire. Après avoir assisté à cette dure réalité, la joie et les rires semblent démultipliés !