Solidar’IT vous emmène en plein cœur de Cité Soleil découvrir une petite radio communautaire qui montre l’exemple : Radio Boukman. La cité, tristement réputée pour son insécurité et sa violence, fait peur aux habitants des autres quartiers de la capitale haïtienne. Comme nous le dit son directeur dans le reportage ci-dessous, la simple évocation de son nom, rebute et fait frémir.

L’équipe de radio Boukman veut montrer un autre visage de ce quartier. « Il y a aussi des choses positives », nous dit Jean Lesly Hilaire, le directeur des programmes, « nous en sommes la preuve! ». Puis, il ajoute : « Radio Boukman c’est la voix des sans voix » et « c’est de notre devoir d’informer cette population, en grande majorité démunie, pour affronter des problèmes majeurs ».

C’est pourquoi, la radio a lancé un nouveau programme appelé « prévenir vaut mieux que guérir ». Cette émission a comme but de préparer les « soleilliens » à la saison des cyclones. Elle est composée de plusieurs parties dont un reportage, un micro-trottoir – pour évaluer la connaissance de la population sur le sujet (connaissance des différents niveaux d’alerte par exemple: vert, orange, rouge) – et d’un sketch qui met des acteurs en situation. Ces acteurs jouent des « monsieur et madame tout le monde » du quartier qui se préparent au pire… Car en effet, les cyclones représentent actuellement une menace majeure, et le risque d’un nouveau désastre humanitaire est très élevé! Plus d’un million de personnes vivent dans des camps, sous des abris de fortune. A la moindre tempête, toutes ces personnes à peine protégées par quelques bambous et des bâches trouées, seront alors en grand danger…

L’équipe de Boukman a essayé, en vain, de trouver des partenaires et des financeurs pour cette nouvelle programmation. Pour le moment, aucune organisation internationale n’a réellement répondu favorablement… Pourquoi ? Seule l’OIM (Organisation Internationale pour les Migrations), a décidé de réaliser une semaine pilote, en y ajoutant une seconde partie en direct des camps et en duplex sur radio Boukman et radio Ginen. Nous surveillerons de près les conclusions de ce test et nous vous informerons si l’OIM ou bien d’autres organisations, finalement, se joignent à cette initiative locale de Radio Boukman… A suivre…

Regardez notre reportage :

A savoir :

Joachin Jorel, le directeur administratif, nous a expliqué les origines du nom de la radio. Il s’agit d’un célèbre prêtre vaudou qui est à l’origine de la rébellion des esclaves. Dans la nuit du 14 août 1791, Dutty Boukman organisa une cérémonie vaudoue. Un cochon noir fut sacrifié. Tous burent son sang, ce qui devait les rendre invulnérables. Boukman ordonna alors le soulèvement général. Celui-ci eut lieu dans la nuit du 22 août. Boukman périt au combat, à la tête de ses troupes. Malgré la riposte, cette révolte d’esclaves ne fut pas vaincue.