Reportage dans un camp situé au sud de Port-au-Prince, qui bénéficie d’un projet d’assainissement.

Depuis le 4 juin 2011, l’organisation International Rescue Committee (IRC) mène une campagne de nettoyage et de curage du canal du site “Boulanger de Saint-Marc” situé à Martissant 2A, une banlieue sud de Port-au-Prince. Cette campagne d’une durée d’un mois et demi vise à réduire la vulnérabilité de la zone face à la saison cyclonique.

Fin juillet, le jour de notre visite, les activités vont bon train au camp d’hébergement. Enfants à moitié nus, adultes, tous fuient les tentes usées et la chaleur. À cela s’ajoute, plus d’une dizaine de gens qui s’affairent encore autour du coordinateur général du site, Kesnel Léveillé.

Ecoutez Kesnel Léveillé :

Registres en main, ce dernier dresse les listes des équipes d’intervention. Il se plaint de l’état d’avancement des travaux, faute de matériels et d’un endroit de stockage des ordures enlevées du site. « Je pourrais dire que c’est un travail inachevé », juge-t-il.

 

Kesnel Léveillé enregistre tous ceux qui ont participé à ce projet d'assainissement.

Miriame vante les mérites du projet de l’IRC :

Cette campagne est organisée en “cash for work”. Les équipes sont renouvelées toutes les deux semaines. Le coordinateur avoue qu’il ne connaît pas le montant global du projet. Néanmoins, il avance qu’un chef d’équipe coûte 4200 gourdes [ndlr, monnaie locale, 40 gourdes équivalent à 1 dollar US], à l’IRC pour deux semaines de travail, le superviseur est payé 4800 gourdes et le simple ouvrier touche 2400 gourdes à la quinzaine.

Cette formule semble convenir aux citoyens du camp. Plusieurs habitants se disent satisfaits des activités d’assainissement entreprises sur le site. Elles sont doublement bénéfiques, selon Miriame Jeune, mère d’une famille monoparenale de cinq enfants.

Miriame fait la lessive de ses cinq enfants qu'elle élève toute seule.

Miriame et Claudette jugent la gestion des ordures plutôt efficace :

Les ordures sont entreposées à quelques pas des tentes et des maisons, et sont déversées juste à côté dans la mer, où se baignent des enfants. Une fois enlevées du site, les ordures ne devraient plus être gérées par les équipes de nettoyeurs mais par le gouvernement haïtien, à travers son programme de gestion des ordures, estiment Miriame Jeune et Claudette Antoine.

 

Les enfants jouent près des ordures qui se déversent dans la mer.

Cependant, le projet d’assainissement et de curage de l’International Rescue Committee ne fait pas que des heureux. Des riverains dénoncent cette campagne qui, prétendent-ils, est limitée au camp d’hébergement des sinistrés du site “Boulanger de Saint-Marc”. Roosevelt Pascale et Ernst Guervil font partie de cette catégorie. Ils exigent que toute la zone de Martissant 2A soit intégrée dans le cadre de ces activités.

Ecoutez les déclarations de Roosevelt et de Ernst :

Le projet d’assainissement que l’IRC réalise à Martissant 2A survient à un moment où le Ministère des Travaux Publics du Transport et des Communications ne dispose d’aucun programme spécial de gestion des ordures en dehors des interventions régulières du Service de Collecte de Résidus Solides (SMCRS), du Centre National des Équipements (CNE) et du Service d’Entretien des Équipements Urbains et Ruraux (SEEUR). Mais, pour une campagne qui touche à sa fin, beaucoup reste à faire. Jusqu’à présent, le principal canal du site “Boulanger de Saint-Marc” n’est pas totalement curé et les gens de ce quartier vivent encore avec les ordures.



K. Mc Haendel Paulémon de ENDK / Internews