De plus en plus utilisé dans la capitale haïtienne, le taxi-moto constitue un danger autant pour les utilisateurs que pour les chauffeurs.

Le phénomène de taxi-moto a pris de l’ampleur depuis le début des années 2000 à Port-au-Prince. Les stations d’essence, les gares d’autobus et les abords des marchés sont les principaux repères des chauffeurs de taxi-moto. Cette pratique représente le moyen de  déplacement le plus rapide pour les Port-au-Princiens.

Fédrick Jean-Pierre est un jeune  journaliste  qui utilise  le taxi-moto chaque jour  pour partir en reportage  ou pour se rendre à l’université.

« Il y a des risques. C’est pour cela que je n’utilise pas n’importe quel chauffeur. De ce fait, je connais des chauffeurs de moto que j’appelle pour mes déplacements », explique Fédrick.

« Les voitures peuvent heurter les motos et les passagers peuvent être fracturés, mais  on doit courir le risque pour arriver plus rapidement », ajoute-t-il.

Autre facteur de risques d’accidents : certains marchands prennent d’assaut les trottoirs, obligent les piétons à marcher sur la chaussée, ce qui constitue une source d’insécurité en particulier pour les piétons.

Ces derniers sont alors obligés de marcher sur la chaussée et rendent la circulation des voitures et des motocyclettes difficile.

Pour  les  conducteurs, cette pratique représente une source de revenu non négligeable, même si elle n’est pas régulière et que ce métier met leur vie en péril.

Luckner Nonsan est chauffeur de taxi-moto depuis 14 ans. Il travaille quotidiennement  à Pétion-ville à l’est de Port-au-Prince.  Lors de notre rencontre dans une  station de taxi-moto, au cours d’une journée ensoleillée fin juillet, Luckner nous explique pourquoi il continue de pratiquer le taxi-moto en dépit des dangers.

D’après lui,  les conducteurs de taxi-moto apprennent le métier sur le tas, faute d’écoles et de structures.

Luckner nous cite certains  noms d’amis conducteurs tués lors d’accidents ou abattus  par des voleurs.

Indignés par leur situation, les  chauffeurs de taxi-moto abordés disent attendre une aide de l’État pour leur permettre de continuer leur activité, qu’ils jugent utile à la société.

Ces derniers payent 5000 gourdes [ndlr, monnaie locale] soit 125 dollars US pour les assurances de leur motocyclette et  1000 gourdes (25 dollars US) pour la matricule.

David Philistin, un père de famille de 42 ans, a eu une brûlure au niveau de la jambe droite lors d’une course. Il se confie rapidement, tandis qu’un client pressé l’attend.

Quand ils ne sont pas propriétaires des motocyclettes, ces chauffeurs de taxi-moto signent un contrat d’un an ou de 8 mois avec les possesseurs.

Dans la plupart des cas, ces hommes s’engagent à verser chaque semaine 1500 gourdes (37.5 dollars US) aux propriétaires. S’ils respectent le contrat, la moto leur appartient après la période fixée.

D’après  les informations recueillies auprès du Service de la Circulation et de la Police Routière en septembre 2010, environ 44.000 motocyclettes sont enregistrées.

Dans quelques stations, les chauffeurs de taxi-moto se mettent en association, une façon de se protéger et de créer une meilleure visibilité. Ils exigent notamment des uniformes des mairies  et des numéros d’identifications par motocyclette.

Cela contribue également à les protéger des bandits qui utilisent la moto comme moyen de déplacement pour commettre des vols.

Ralph HENRY de Alterpresse

Jean Clébert HILAIRE de MCC

 

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